Les bénévoles, ces forces vives au service de tous

On estime à 11 millions le nombre de bénévoles associatifs en France(1). À la Ligue contre le cancer, ils sont près de 12 000 à s’engager dans les 103 comités départementaux. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Comment s’adapter à leurs attentes ?

Mars 2025 (n°405) – Textes : Chloé Dussère
Temps de lecture : 7 minutes

Dans un contexte économique et social dégradé où la précarité touche de nombreux Français – neuf millions de personnes en « privation matérielle et sociale » en 2022(2) –, les associations, a fortiori celles qui interviennent aux côtés des plus fragiles, jouent un rôle essentiel dans notre société. Tous les jours, des personnes bénévoles œuvrent, souvent dans l’ombre, et une grande partie de l’action sociale et culturelle du pays repose sur leurs seules épaules.
« Si les bénévoles se mettaient en grève, la France serait à l’arrêt, résume la sociologue Dan Ferrand-Bechmann, professeure émérite à l’université Paris 8(3).
Ces personnes non rémunérées interviennent dans tous les secteurs – les sports, la culture, la justice, la santé… –, dans les associations mais
aussi dans de nombreuses entreprises et administrations, comme l’hôpital ou l’école, qui s’appuient sur une main-d’œuvre bénévole.
»

Les bénévoles du comité de Loire-Atlantique promeuvent le dépistage du cancer colorectal en partenariat avec le CRCDC 44.

Engagés sur tous les fronts 

Et à la Ligue ? « Les bénévoles sont à la fois l’essence et le moteur de nos actions, explique André Mathieu, président du comité du Gard et de la Commission animation territoriale au siège de la Ligue contre le cancer. Ils jouent un rôle majeur, tant sur le terrain pour la collecte de fonds, l’animation des comités et l’organisation d’événements que dans nos instances de décision, car même nos administrateurs sont bénévoles. Certains bénévoles sont également patients ressources ; ils partagent bénévolement leur expérience de la maladie et du parcours de soins auprès de personnes traversant la même épreuve, de leurs proches ou de professionnels de santé. »

  • 12 000

    bénévoles investis à la Ligue contre le cancer(4).

  • 56 %

    des bénévoles de la Ligue contre le cancer ont plus de 62 ans(4).

  • 56 %

    sont des femmes(4).

Multitâches, les bénévoles de la Ligue ont également pour point commun d’avoir été, pour la plupart, touchés directement ou indirectement par le cancer. « On observe un large éventail de motivations chez les bénévoles
de toutes les associations,
analyse Dan Ferrand-Bechmann. Et globalement, les personnes touchées par un problème, concernées directement par une question, ont tendance à être vraiment engagées. C’est ce qu’on observe à la Ligue, qui mobilise de nombreux anciens malades. La maladie transcende leurs motivations et leurs pratiques. » Alors qu’une tendance au « zapping » est observée chez les bénévoles qui passent volontiers d’une association à une autre, ceux de la Ligue manifestent une fidélité qui force parfois l’admiration.

Une grande partie des bénévoles de la Ligue sont d’anciens travailleurs à la retraite. Or, l’engagement de cette partie de la population a tendance à s’émousser à l’échelle nationale.

Plusieurs raisons expliquent ce phénomène souvent lié au fait que les seniors sont de plus en plus sollicités pour s’occuper de leurs petits-enfants, mais aussi, quand ils ont la chance d’être en bonne santé, pour venir en aide à leur entourage, voire à leurs aînés. « On assiste aussi à un rajeunissement des bénévoles, explique Dan Ferrand-Bechmann. Les jeunes entrent plus tôt dans
le bénévolat, souvent pendant leurs études et dans l’objectif d’acquérir
une première expérience qu’ils ajoutent désormais sur leur CV.
»

En plus de soutenir la recherche, les bénévoles dans le secteur de la santé complètent véritablement le travail des soignants. »

Dan Ferrand-Bechmann,

sociologue et professeure émérite à l’université Paris 8

Pour la Ligue, et pour de nombreuses autres associations, un nouveau défi consiste à continuer de fidéliser les bénévoles « historiques » à la fois engagés et compétents, tout en captant de nouveaux profils.

La Ligue n’existe pas sans ses bénévoles ; ils entretiennent un lien profond avec les personnes malades. »

André Mathieu, président du comité du Gard et de la Commission animation territoriale au siège de la Ligue

Pour aller à la rencontre des plus jeunes, la Ligue a notamment renforcé, ces dernières années, sa communication sur les réseaux sociaux et propose des offres en service civique, un dispositif réservé aux 16-30 ans. « Nous misons également sur notre capacité à former les bénévoles, à les encadrer pour maintenir ce ciment moral qui nous est cher, à leur apporter un soutien sans faille et une valorisation de leur implication, ajoute André Mathieu. Ces atouts devraient nous permettre de conquérir davantage de bénévoles dans un contexte où les professionnels de santé auront de moins en moins de temps à consacrer aux personnes malades, et que la Ligue sera plus que jamais mobilisée. »

(1) L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France, de 2010 à 2022, le baromètre du bénévolat de France Bénévolat, 2022.
(2) Statistiques sur les ressources et les conditions de vie, Insee, 2022.
(3) Autrice de l’ouvrage soutenu par la Ligue contre le cancer, Les bénévoles face au cancer (éditions Desclée de Brouwer, 2011) et de Trouble dans
le bénévolat
(éditions Chronique Sociale, 2023).
(4) Chiffres 2023 issus de l’enquête annuelle de la Ligue contre le cancer auprès des comités départementaux.