Pour la première fois dans l’histoire, le sanitaire l’a emporté sur toute autre considération (économique, sociale…). Mais l’interférence des politiques dans le débat des chercheurs et des médecins, notamment à propos du vaccin anti-Covid-19, est venue parasiter un certain nombre de raisonnements scientifiques. Et instiller un peu plus de doutes dans l’esprit des gens. Pour autant, cette méfiance des Français pour tout ce qui relève de la santé publique, et en particulier de la vaccination, ne date pas d’hier. Depuis la naissance du premier vaccin contre la variole à la fin du XVIIIe siècle, l’idée même de la vaccination transporte avec elle tout un imaginaire collectif autour de la transmission de la maladie. Cela montre à quel point un certain nombre de personnes n’ont pas compris le principe même de la vaccination qui, je le rappelle, consiste à inoculer une version atténuée d’un virus ou d’une bactérie pour que le système immunitaire puisse développer des anticorps capables de combattre ces agents infectieux.
Tant que l’on n’aura pas identifié les freins qui empêchent une adhésion complète à la vaccination, alors on ne pourra véritablement agir dessus.
Plus récemment, dans les années 90, les polémiques autour du vaccin contre l’hépatite B, accusé de déclencher des cas de sclérose en plaques, ont laissé des traces profondes, encore aujourd’hui, chez certains médecins et dans l’opinion. Et le vaccin contre le virus HPV, apparu dans les années 2000, qui a pourtant montré les preuves de son efficacité contre le cancer du col de l’utérus, n’attire toujours pas les masses. Quand je vois tous les efforts de recherche qui sont fournis pour mettre au point un vaccin anti-Covid-19, je me dis qu’il faudrait faire autant d’efforts dans la recherche en sciences humaines et sociales, notamment pour travailler sur l’acceptabilité du vaccin lui-même par la population. Car tant que l’on n’aura pas identifié les freins qui empêchent une adhésion complète à la vaccination, alors on ne pourra véritablement agir dessus. Et cela doit inévitablement passer par une meilleure éducation à la santé dans les écoles. C’est là que se constitue le socle culturel qui permet ensuite aux individus d’adopter des comportements favorables à la santé.