Pas de chimiothérapie ou de radiothérapie sans effets secondaires associés. Parmi eux, les mucites orales, de douloureuses ulcérations qui rendent la prise de repas difficile, voire même la parole. Pour les traiter chez les enfants, des équipes du CHU de Toulouse (Haute-Garonne) innovent avec une technologie au laser, épaulées par le service d’odontologie pédiatrique et la société toulousaine Biophoton, qui conçoit et fabrique des lasers médicaux.
« Une mucite, c’est l’équivalent d’une centaine d’aphtes dans la bouche et dans la gorge, explique le professeur Marlène Pasquet, pédiatre en hémato-oncologie à l’hôpital des enfants de Toulouse. Habituellement, ces ulcérations sont traitées en prévention par des bains de bouche répétés et en curatif par la prise d’antalgiques comme la morphine. Mais cela peut perturber la prise en charge du cancer, voire la retarder. » D’où l’intérêt de tester une technologie non invasive qui soulage la douleur rapidement, et dont l’innocuité a fait ses preuves.
Cinq minutes par jour
Concrètement, les séances se déroulent au cours d’une hospitalisation, généralement au moment d’une aplasie, un appauvrissement en globules sanguins provoqué par les traitements et qui oblige le jeune patient à l’isolement en chambre protégée. Pendant quatre à cinq jours, lors de séances de cinq minutes, l’enfant chausse une paire de lunettes opaques pour protéger sa rétine de la lumière rouge du laser. Puis l’opérateur focalise le laser pendant trente secondes sur les différentes zones affectées (les joues, la région sous-mandibulaire, le cou).
Et lorsque l’enfant a des difficultés à ouvrir la bouche, il est toujours possible de diffuser la lumière par l’extérieur, car la technologie utilise deux longueurs d’onde qui passent au travers des tissus. « Très utilisée chez les grands brûlés, cette méthode indolore favorise la cicatrisation et la régénération des tissus, car elle stimule la prolifération des fibroblastes, les cellules principales du tissu conjonctif, et diminue l’apoptose, le processus de mort cellulaire », souligne le docteur Emmanuelle Noirrit, dentiste pédiatrique à l’hôpital des enfants de Toulouse. Lancé en mai 2021, l’essai clinique doit permettre de savoir s’il est préférable d’utiliser cette technologie tous les jours ou tous les deux jours. En attendant, les premiers effets sur les muqueuses se font ressentir rapidement, au bénéfice des petits, qui remangent et reparlent normalement.
37 patients ont été inclus dans l’essai clinique au sein des 16 centres de traitement(1) déjà équipés du laser.
3 nouveaux centres(2) les rejoindront bientôt.
Rien qu’au CHU de Toulouse, une quinzaine de jeunes patients ont déjà pu bénéficier du traitement.
(1) Toulouse, Limoges, Angers, Poitiers, Paris, Nantes, Tours, Rouen, Le Havre, Lille, Nancy, Besançon, Saint-Étienne, Grenoble, Nice et Marseille.
(2) Caen, Strasbourg et Bordeaux.