Si l’on peut dire aujourd’hui avec certitude qu’il existe un lien de cause à effet entre le stress et les maladies cardiovasculaires, on ne peut pas en dire autant pour le cancer. En effet, aucune étude récente n’a réussi à le démontrer. En revanche, ce que les scientifiques s’accordent à dire, c’est qu’il est possible que la santé mentale influe sur le développement des cancers par l’intermédiaire du système immunitaire.
Le stress comme facteur de risque
« L’une des réponses du corps au stress intense et prolongé est l’augmentation du taux de cortisol dans l’organisme qui, sur le long terme, peut affaiblir le système immunitaire et rendre le corps plus réceptif aux infections », explique le professeur Raphaëlle Richieri, psychiatre au sein de l’Institut Paoli-Calmettes de Marseille (Bouches-du-Rhône). C’est donc cette diminution de la fonction immunitaire qui peut favoriser l’apparition de certains cancers, simplement parce que le système immunitaire joue un rôle crucial dans la surveillance et la destruction des cellules anormales, y compris les cellules précancéreuses ou cancéreuses. « Lorsque le système immunitaire est affaibli, sa capacité à détecter et à combattre ces cellules est réduite, ce qui peut augmenter le risque de développer un cancer », ajoute-t-elle.
Des comportements à risque
Par ailleurs, les personnes ayant des pathologies psychiques ou des événements de vie compliqués peuvent adopter des conduites à risque, telles que la consommation d’alcool ou de tabac, principales causes évitables de cancer. Ainsi, dans une synthèse d’études datant de 2023 (1), les symptômes de dépression et d’anxiété ont été examinés comme prédicteurs du risque futur de cancer. Résultat : ces troubles anxieux ne sont pas liés à un risque accru de cancer, mais certains facteurs clés pourraient expliquer pourquoi ils peuvent être associés à des cancers liés au tabagisme. « Il est donc difficile de mettre en avant le seul facteur stress indépendamment du reste, d’autant plus que le cancer est toujours une maladie multifactorielle », souligne le professeur Richieri. De plus, il se passe souvent des mois, voire des années, entre l’anomalie de la première cellule et le moment où le cancer est visible sur une imagerie. « Un choc émotionnel, aussi puissant soit-il, ne pourrait donc donner lieu à un cancer dans les semaines qui suivent », observe-t-elle.
Équilibre alimentaire et activité physique
Pour autant, la présence de la dépression ou de l’anxiété n’est pas normale, et diminue même l’espérance de vie des patients atteints de cancer. « D’où l’intérêt de les traiter ! », prévient-elle. Que faire, alors, pour abaisser le niveau de stress dans notre quotidien bien chargé ? « Je recommande à mes patients d’avoir une bonne hygiène de vie, en commençant par arrêter de fumer pour les personnes concernées. Cela passe aussi par un bon équilibre alimentaire et une activité physique adaptée, pour doper la réponse immunitaire du corps », explique le professeur Richieri. Pour les personnes malades, des soins de support (yoga adapté, soins socio-esthétiques, soutien psychologique, etc.) sont proposés au sein des Comités départementaux de la Ligue. De quoi améliorer la qualité de vie sur le long terme.
(1) Dépression, anxiété et risque de cancer : méta-analyse des données individuelles des participants, LA. van Tuijl, M. Basten, K-Y Pan et al., Journal of the American Cancer Society, 2023.
Pour en savoir plus
La Ligue contre le cancer met à votre disposition un numéro de téléphone vert national gratuit, le 0 800 940 939. Du lundi au vendredi, de 9 h à 19 h, vous pouvez accéder, en tapant 1, à un service d’écoute et de soutien, anonyme et confidentiel, assuré par des psychologues.