Ligués contre le cancer

Médicament

Patrick Mehlen, chercheur et… startuper

Article paru dans Vivre N°390 de juin 2021.

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08/06/2021

Patrick Mehlen, directeur du Centre de recherche en cancérologie de Lyon et cocréateur de Netris Pharma, une startup implantée au sein même du centre et qui développe un médicament prometteur contre le cancer.

On ne remerciera jamais assez l’Éducation nationale ! Car c’est grâce à son professeur de biologie en classe de première que Patrick Mehlen trouve sa voie et décide de devenir chercheur. Une conseillère d’orientation lui suggère l’École normale supérieure de Lyon (69). Aussitôt dit, aussitôt fait, après un passage obligé par Math Sup et Math Spé. Sa thèse de biologie porte sur les protéines chaperonnes, qui protègent d’autres protéines durant leur phase de maturation et libèrent ainsi la cellule d’un stress pouvant conduire à la mort cellulaire. Et, déjà, il s’intéresse à cette question lancinante : pourquoi les cellules cancéreuses, contrairement aux autres, refusent-elles de mourir ? Patrick part alors au Burnham Institute de San Diego (Californie), un centre de recherche dédié à la mort cellulaire. Il y explore les récepteurs à dépendance, cœur de son activité de recherche : un mécanisme qui conduit à la mort cellulaire dans les cellules saines, mais reste bloqué dans les cellules cancéreuses. Après un passage dans une unité de recherche de l’Université de Lyon/CNRS, il rejoint le Centre Léon Bérard, et y développe, avec son collègue Alain Puisieux, le Centre de recherche en cancérologie de Lyon (CRCL) – aujourd’hui 500 personnes et 23 équipes de recherche –, dont il devient le directeur en 2019.
Ses travaux, soutenus depuis plusieurs années par la Ligue contre le cancer, portent toujours sur la mort cellulaire et, plus précisément, sur une protéine produite par les cellules cancéreuses et qui les protège de la mort cellulaire. L’idée est donc de générer une molécule thérapeutique, un anticorps, pour bloquer cette protéine et pousser ainsi les cellules cancéreuses à mourir.


L’industrie pharmaceutique a tendance à payer des sommes folles pour des choses qui marchent, plutôt que d’investir plus tôt et partager le risque avec les chercheurs. Et quand on investit trop tard, on risque de se faire doubler.

« Nous avons développé un premier candidat médicament, explique Patrick Mehlen. Nous avons alors pris contact avec des laboratoires pharmaceutiques, mais ceux-ci préfèrent acheter des molécules sur étagères, quand elles sont développées. D’où l’idée de créer une startup au sein même du centre. Et c’est la naissance de Netris Pharma, installée dans les locaux du CRCL et qui regroupe une dizaine de personnes. » Le médicament – NP 137 – ouvre des perspectives intéressantes pour tous les cancers et a déjà passé toutes les étapes précliniques, puis les phases réglementaires, avec un premier essai de phase 1 en 2017. Un essai de phase 2 est lancé depuis six mois sur des cancers de l’utérus, avant des essais de phase III à moyen terme. « Les grands labos devraient alors enfin se manifester », conclut Patrick Mehlen. En attendant, Netris Pharma fait des petits, puisqu’une dizaine de startups ont vu le jour au sein du CRCL et de Léon Bérard.

EN SAVOIR PLUS

•            Le site de Netris Pharma

•            Le site du Centre de recherche en cancérologie de Lyon

•            Le site du Centre Léon Bérard