Parole d’élu
Dominique Dhumeaux, maire de Fercé-sur-Sarthe (72)
Maire de Fercé-sur-Sarthe (600 habitants) depuis quatorze ans, Dominique Dhumeaux est également premier vice-président de l’Association des maires ruraux de France. Ce collectif a mobilisé trente-cinq associations, organisations et acteurs impliqués dans l’accès aux soins pour publier, au début de cette année, quatre propositions destinées à pousser les candidats à la présidentielle 2022 à agir contre les déserts médicaux.
Quel est le parcours d’un malade résidant dans un petit village ?
Je peux en témoigner puisque je suis moi-même atteint d’un cancer. N’ayant pas de médecin traitant, comme un habitant sur cinq dans la Sarthe, je me suis rendu un matin aux urgences du Mans, les seules qui fonctionnaient ce jour-là. Le soir même, un interne est venu m’expliquer, dans la salle d’attente, devant tout le monde, que j’avais une tumeur au cerveau. Depuis, je dois parcourir plus d’une heure de route pour être traité quotidiennement à Angers, dans le Maine-et-Loire. Et comme je n’ai toujours pas de médecin traitant, il a été extrêmement difficile d’intégrer le dispositif d’affection de longue durée (ALD).
« Localement, les villages soignent leurs infirmières libérales et tentent de développer la télémédecine.»
Où en est votre combat pour améliorer l’accès aux soins en zone rurale ?
Depuis plusieurs années, l’accès aux soins est un problème récurrent en France, un constat partagé par les acteurs de la santé et des représentants politiques. En 2021, nous avons mis tous les interlocuteurs concernés autour de la table – pompiers, SAMU, pharmaciens, kinés, infirmiers, associations d’élus et de citoyens, centres hospitaliers, ordres et syndicats de nombreuses professions de santé… – pour établir des propositions dont l’État ne s’est, à ce jour, toujours pas saisi.
En tant que maire, comment agir ?
À grande échelle, il est trop tard : le temps que de nouveaux médecins soient formés, il faudra attendre huit à dix ans pour stopper la progression de la pénurie. Localement, les villages soignent leurs infirmières libérales et tentent de développer la télémédecine. Des start-up privées prennent également le relais de l’État, mais seules les communes riches peuvent s’offrir leurs services, ce qui creuse les inégalités d’accès aux soins.