Ligués contre le cancer

Dossier 100 ans : Recherche

Les réussites de l’immunothérapie

Au fil des décennies, Vivre a régulièrement rendu compte de l’avancée des recherches et des succès de l’immunothérapie.
Ce traitement, qui consiste à réveiller le système immunitaire du malade pour l’aider à combattre le cancer, devrait faire parler de lui encore longtemps.

Cellules CAR-T
Immunothérapie
Révolution thérapeutique
Traitement

26/06/2023

En mars 2015, Vivre retraçait le parcours de William B. Coley, un chirurgien new yorkais qui, au XIXe siècle, fut le premier à établir, de façon empirique, un lien entre immunité et cancer. L’article concluait sur le fait qu’après avoir réalisé des découvertes prometteuses, William B. Coley risquait de « devoir patienter un certain temps dans les antichambres de la postérité ». Plus d’un siècle plus tard, l’immunothérapie anticancéreuse est aujourd’hui une révolution thérapeutique en marche. Ses progrès au cours des dernières années ont été impressionnants et les essais cliniques en cours se comptent aujourd’hui par milliers. « L’immunothérapie offre aujourd’hui des résultats très prometteurs, 25 % des patients traités – tous cancers confondus – montrent des réponses prolongées et des guérisons peuvent être obtenues, commente le docteur Claude-Agnès Reynaud, immunologue, directrice de recherche émérite au CNRS et présidente du Conseil scientifique national de la Ligue. Dans le cas du mélanome métastatique, on a constaté des résultats spectaculaires avec plus d’un patient sur deux répondant à certaines combinaisons d’immunothérapies. Des cancers du poumon, colorectaux et d’autres localisations ont aussi connu une révolution thérapeutique grâce à l’immunothérapie. »

Beaucoup d’espoir pour peu de malades
Si les réussites de l’immunothérapie se multiplient, cette dernière ne représentait que 5 % des traitements contre le cancer en 2020, « mais cette part était en augmentation de 40 % par rapport à l’année précédente », souligne le docteur Reynaud. Si elle véhicule beaucoup d’espoir, l’immunothérapie n’a pas la même efficacité d’un patient à l’autre. Certains y sont même complètement réfractaires. Des travaux sont donc en cours pour essayer de prédire la réponse à ce type de traitement. La Ligue contre le cancer et l’Institut national du cancer subventionnent, d’ailleurs, le programme de recherche AcSé Immunothérapie et cancers rares, qui se penche notamment sur les facteurs prédictifs de la réponse des malades à l’immunothérapie comme traitement de certains cancers rares. Encore de quoi alimenter les colonnes du journal pendant plusieurs années… et surtout de quoi donner de nouveaux espoirs de guérison que William B. Coley lui-même n’aurait osé imaginer.

Près de 1 000 patients

atteints de lymphome B ou de myélome multiple (un cancer de la moelle osseuse) sont traités chaque année en France grâce aux cellules CAR-T.

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Cellules CAR-T : des « micropharmacies » aux maxi-effets
En mars 2017, Vivre évoquait les recherches de l’équipe labellisée par la Ligue contre le cancer dirigée par Karin Tarte (U917 Inserm « Microenvironnement et cancer », Rennes). À l’époque, les scientifiques rennais planchaient sur une nouvelle immunothérapie pour lutter contre le lymphome folliculaire. Le principe : modifier génétiquement certaines cellules immunitaires du patient – les lymphocytes T – en les dotant d’un récepteur anti-génique chimérique (Chimeric Antigen Receptor, dit « CAR ») leur permettant de cibler les cellules tumorales pour les tuer. « En six ans, cette technologie a connu une avancée fulgurante rarissime puisque nous sommes passés du démarrage d’essais cliniques au développement d’un médicament très efficace contre le lymphome B administré à des patients réfractaires ou en rechute, raconte aujourd’hui Karin Tarte. Reste à comprendre pourquoi certains malades ne répondent pas à ces traitements. » Si les questions de la toxicité du traitement et des effets secondaires sur les patients ont été en grande partie résolues, de nombreux champs de recherche autour des cellules CAR-T continuent d’être explorés. Il s’agit notamment de comprendre pourquoi ces cellules génétiquement modifiées montrent peu d’efficacité dans le traitement des tumeurs dites « solides » (carcinomes, sarcomes…).