Ligués contre le cancer

Rencontre

Le long combat de Sandrine

Il y a trois ans, les médecins ont diagnostiqué un cancer colorectal
chez Sandrine. Malgré l’intensité des traitements, la maladie a métastasé, touchant d’abord le foie, puis un poumon. Aujourd’hui, pleine d’espoir et en attente d’une rémission, Sandrine Bourouba-
Siard, 52 ans, continue le combat auprès des siens.

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21/06/2024

En juillet 2021, Sandrine est hospitalisée en urgence pour des douleurs abdominales et de la fièvre. Un scanner fait suspecter la présence d’une tumeur inflammatoire. Un mois après, la lésion suspecte est repérée au cours d’une coloscopie et une biopsie est faite. Le résultat est catégorique : il s’agit d’un cancer colorectal. « Je n’ai plus aucun souvenir de ma réaction au moment de l’annonce du diagnostic. Tout ce que je me rappelle, c’est l’inquiétude qui m’a envahie rien qu’à l’idée de l’annoncer à mes proches. J’avais peur de les faire souffrir », raconte-t-elle.

Très vite, le protocole de soins se met en place avec une colectomie, une ablation chirurgicale d’une partie du côlon, suivie de six cures de chimiothérapie adjuvante pour réduire le risque de récidive. « Si la chirurgie a permis de retirer complètement la tumeur, la chimiothérapie n’a pas suffi à empêcher la fuite du cancer vers le foie », explique Sandrine. Les médecins lui proposent alors de suivre une séance de radiofréquence, un traitement curatif par destruction thermique, ainsi que six nouvelles cures de chimiothérapie. Mais cela ne suffit toujours pas : des métastases sont trouvées au niveau du foie et d’un poumon.

En annonçant mon cancer, j’avais peur de faire souffrir mes proches.

Sandrine Bourouba-Siard

La radiothérapie est alors préconisée pour traiter le poumon atteint, ainsi qu’une chirurgie du foie pour retirer la tumeur. Malgré tous les traitements, une nouvelle métastase est découverte au niveau du poumon. Sandrine trouve encore la force de suivre quatre cures de chimiothérapie, mais le résultat n’est pas à la hauteur des espérances.
Au bout de deux ans, alors que les médecins s’apprêtent à lui prescrire de nouvelles séances de radiothérapie, c’en est trop : Sandrine s’octroie une pause bien méritée. « Mon corps était épuisé et j’étais à bout psychologiquement. J’avais besoin de repos », se souvient-elle.

Je suis convaincue qu’on va venir à bout de mon cancer.

Sandrine Bourouba-Siard

Deux mois après, en septembre 2023, face à une tumeur qui continue de grossir, Sandrine est prête à retourner au combat : elle accepte de subir quatre nouvelles cures de chimiothérapie et huit séances de radiothérapie. « Aujourd’hui, j’ai appris que mon nodule était toujours là, et qu’il fallait laisser le temps à la radiothérapie de faire effet. Je suis convaincue que les médecins vont venir à bout de mon cancer », positive-t-elle. Cet état d’esprit, Sandrine l’a toujours eu, en grande partie grâce à la présence aimante de ses proches au quotidien. « Dès que mon épouse est tombée malade, je lui ai apporté encore plus de bienveillance et de petites attentions. Au quotidien, on parle peu de la maladie. Dès que je le peux, je l’accompagne à ses rendez-vous médicaux. Surtout, je l’encourage dans tout ce qu’elle entreprend », raconte son mari Farid.

Leur fille Jasmine, 16 ans, est très proche de sa mère : « La maladie de ma maman m’a beaucoup affectée. C’était très dur de la voir changer physiquement au fil des traitements, de la voir s’épuiser. Pour autant, j’ai gardé mes émotions pour moi pour ne pas la heurter, préférant passer du temps avec elle et lui apporter tendresse, amour, et attention », témoigne-t-elle.

Face aux médecins, j’avais l’impression d’être un organe, et non une personne.

Sandrine Bourouba-Siard

Côté soignants, Sandrine garde un souvenir ému du passage des infirmières à son domicile : « Elles étaient mes rayons de soleil ! » Sa relation avec le corps médical reste plus mitigée : « J’avais l’impression d’être un organe, et non une personne. » Une sensation d’effacement renforcée par le fait qu’elle n’avait plus de statut professionnel, à l’époque. La psychologue de l’hôpital, elle ne l’a vue qu’une seule fois, mais celle-ci l’a beaucoup aidée, notamment sur son rapport au corps : « Je souffre d’obésité et j’avais l’impression que ce problème était complètement occulté par mon cancer. Cette séance m’a fait beaucoup de bien ».

Aujourd’hui, Sandrine n’est pas encore sortie d’affaire. Son nodule au poumon reste toujours accroché. La radiothérapie met du temps à agir. Mais Sandrine est confiante : « Je continue d’exister ».

Ouvrages de Sandrine Bourouba-Siard : Histoires courtes d’atelier d’écriture, éditions Chronique Sociale, 2023.

Obésité, le poids des silences. Des mots pour libérer, éditions Chronique Sociale, juin 2024.

_ Ça m’a aidé _

Sandrine nous raconte les petites choses du quotidien qui l’aident à mieux tenir durant sa maladie.

Les ateliers d’écriture m’apportent beaucoup de vitalité.

Sandrine Bourouba-Siard

M’engager pour les autres

En 2022, très soutenue et stimulée par mon amie Nicole, je deviens comme elle bénévole pour la Ligue. L’occasion pour moi de m’investir dans l’organisation d’événements (une dictée, une pièce de théâtre) pour Octobre Rose dans une commune, près de Montpellier. Donner du temps aux autres m’a été très bénéfique.

Écrire des livres

Pendant mes traitements, construire des projets d’écriture a été très tonifiant. Une vraie bouffée d’air frais ! J’ai publié un premier ouvrage, fruit de mes précédents ateliers d’écriture, puis j’ai poursuivi par un autre sujet qui me tient à cœur : l’obésité. Enfin, avec mon ami Serge, nous avons réalisé
un Abécédaire nature… des moments ludiques et de complicité.

Reprendre le chemin du travail

En septembre 2023, après plus de deux ans d’arrêt, je reprends enfin le chemin du travail. Passionnée d’écriture, je crée mon autoentreprise pour animer des ateliers d’écriture. J’y trouve beaucoup de vitalité auprès de personnes qui viennent voyager dans un univers propice à l’imaginaire et à la créativité.

Passer du temps avec ceux que j’aime

Ma mère, que j’ai perdue récemment, m’a donné la force de continuer le combat. Les regards, les mots et la tendresse de mon mari et de ma fille m’ont portée. Mon amie Nicole, toujours partante pour marcher sur la côte, aller au restaurant ou voir une exposition, m’a toujours accompagnée. Les parties de Scrabble avec ma voisine m’ont apporté beaucoup de rires et de stimulations cognitives. Même mon chat a toujours été là pour moi.