Ligués contre le cancer

Fertilité

La fertilité des jeunes malades en question

« Est-ce que je pourrai avoir des enfants plus tard ? » Ce n’est pas vraiment la première question qu’un adolescent ou un jeune adulte se pose lorsqu’il vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer. Pourtant, c’est une problématique à laquelle il faut penser avant même de commencer les traitements.
Article paru dans Vivre N°390 de juin 2021.

Fertilité
Traitement

11/06/2021

Difficile de se projeter dans un projet parental lorsque l’on est un adolescent ou un jeune adulte. C’est pourtant une question qui mérite d’être posée lorsque le jeune en question est atteint d’un cancer et doit subir des traitements susceptibles d’affecter sa fertilité. La chimiothérapie, la radiothérapie ou encore la chirurgie peuvent, en effet, à des degrés divers, être à l’origine d’altérations du mécanisme biologique conduisant à la formation des ovocytes et des spermatozoïdes, du fonctionnement des ovaires et des testicules, ou encore de la sexualité. « L’information et le conseil constituent alors une question cruciale, encore aujourd’hui trop sommairement traitée dans les établissements de santé non sensibilisés à la problématique de l’accompagnement AJA(1) », estime la docteure Perrine Marec-Bérard, oncopédiatre à l’Institut d’hématologie et d’oncologie pédiatrique du Centre Léon Bérard de Lyon (69).

L’information et le conseil constituent une question cruciale, encore aujourd’hui trop sommairement traitée dans les établissements de santé non sensibilisés à la problématique de l’accompagnement AJA

Pourtant, en France, la loi de bioéthique impose à tout professionnel de santé d’informer son patient des risques potentiels pour sa fertilité en cas de traitement toxique et de lui proposer éventuellement la mise en place de techniques de préservation de la fertilité. Pour combler ce manque, la Ligue a financé, il y a quelques années, la conception de fascicules sur la préservation de la fertilité dédiés spécifiquement aux jeunes des deux sexes. « Ces documents constituent de formidables outils d’aide à la prise de décision », précise-t-elle. Une fois le choix confirmé, le médecin prescripteur (oncologue, gynécologue…) prend alors rendez-vous pour son patient au sein d’un centre dédié à la préservation de la fertilité, tel que le Cecos(2). Et toutes les techniques sont prises en charge par l’assurance maladie.

Congélation de sperme ou de tissu testiculaire
Chez le jeune homme pubère, la congélation du sperme est la technique la plus indiquée. Dans certains cas (état de santé du patient, jeune âge, caractéristiques du sperme diminuées), un prélèvement chirurgical de spermatozoïdes directement dans les testicules peut être envisagé. Chez le garçon prépubère, il est proposé de prélever et de congeler du tissu testiculaire. Le prélèvement s’effectue au cours d’une intervention chirurgicale.

Conservation ovocytaire ou de tissu ovarien
Chez la jeune femme pubère, la conservation ovocytaire est la technique couramment proposée. Elle nécessite le prélèvement d’ovocytes à la suite d’une stimulation ovarienne. Mais cette dernière peut être longue face à l’urgence du traitement anticancéreux. Et en cas de cancer hormonodépendant, cette stimulation est contre-indiquée. Il est alors possible de prélever des ovocytes immatures (sans stimulation ovarienne), de les faire maturer in vitro, puis de les congeler ou de les féconder en vue d’une cryopréservation embryonnaire. Chez les femmes pubères ou prépubères, il est aussi possible de prélever et de congeler du tissu ovarien en vue de le réimplanter ultérieurement. Cette technique est particulièrement indiquée en cas de traitement très toxique pour les ovaires. Le prélèvement est réalisé à l’occasion d’une coelioscopie et peut être effectué sans délai.

Des progrès fulgurants
Certaines techniques sont encore en cours de développement, notamment la congélation des tissus ovariens et testiculaires. Cependant, les progrès sont fulgurants et offrent aux jeunes un réel espoir de concevoir un enfant d’ici dix ou vingt ans.

(1) Adolescent et jeune adulte (2) Centre d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains.

LE POINT DE VUE DU MEDECIN
Dr Perrine Marec-Bérard, oncopédiatre à l’Institut d’hématologie et d’oncologie pédiatrique du Centre Léon Bérard de Lyon

« Sachez qu’aujourd’hui, la réutilisation des gamètes et/ou des tissus conservés reste très limitée. Bien souvent car la fertilité n’a finalement pas été altérée par la pathologie et ses traitements. Mais aussi simplement parce que certains patients, encore très jeunes, ne sont pas encore en âge de faire une demande de restauration de la fertilité. D’une manière générale, le taux de parentalité des personnes ayant subi des techniques de préservation de la fertilité reste inférieur à celui de la population globale. Les raisons sont diverses (choix de ne pas avoir d’enfant, infertilité avérée ou échec des techniques). »

UN PARTENARIAT POUR FINANCER LA RECHERCHE – Depuis 2004, la Ligue contre le cancer a initié un partenariat avec l’Enseigne E. Leclerc dans le cadre de son programme « Enfants, adolescents et cancer ». Chaque année, depuis plus de quinze ans, les magasins E. Leclerc se mobilisent aux côtés des Comités départementaux de la Ligue à travers l’opération « Tous unis contre le cancer des enfants et des adolescents ». Cette vaste collecte de dons a pour objectif d’améliorer la prise en charge spécifique des enfants, des adolescents et des plus jeunes adultes atteints de cancer.