« Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de l’utilisation de la thérapie cellulaire dans le traitement du cancer du poumon », souligne le professeur Sébastien Couraud, chef du service de pneumologie et investigateur principal de l’essai clinique au CHU Lyon-Sud (69). Une dizaine de patients participent actuellement à cet essai. Une réalité rendue possible grâce à la collaboration étroite des services de pneumologie, de chirurgie, d’hématologie, de réanimation et de la pharmacie de l’hôpital.
La thérapie cellulaire, étape par étape
Cette approche médicale innovante vise à réorienter le système immunitaire du patient pour qu’il puisse reconnaître et attaquer les cellules cancéreuses dans l’organisme. Pour cela, on va prélever les propres cellules immunitaires du patient (les lymphocytes T) pour les entraîner à combattre le cancer du patient en laboratoire, avant de les lui réinjecter. « Cela suppose plusieurs étapes sur un temps long », prévient le professeur Couraud. D’abord la chirurgie, avec le prélèvement d’une assez grande quantité de tumeur et de sang, puis la transformation des cellules dans un laboratoire spécialisé, avec un délai d’attente de trois à six mois. Ce n’est que lorsque la maladie progresse ensuite et que le traitement est prêt que le patient est appelé pour la réinjection : on commence par mettre le patient sous lourde chimiothérapie afin de détruire les cellules de l’immunité (aplasie), puis on lui réinjecte les lymphocytes entraînés à combattre son cancer. Le patient est ensuite suivi pendant une dizaine de jours en réanimation. Une surveillance par scanner, à distance du traitement, permet de juger de son efficacité.
Des effets secondaires sous haute surveillance
Bien qu’encourageante, la thérapie cellulaire fait face à plusieurs défis, notamment en termes de gestion des effets secondaires. Ainsi, au moment du prélèvement de la tumeur, il n’est pas impossible qu’un autre organe soit légèrement amputé, ce qui peut entraîner des complications.
Autre exemple : lors de la réinjection, le processus d’aplasie est suivi d’une phase d’immunosuppression pendant les semaines qui suivent l’intervention, ce qui met le patient en situation de faiblesse immunitaire. « C’est la raison pour laquelle on lui prescrit généralement des médicaments antiviraux et antifongiques, pour éviter les infections postopératoires », précise-t-il. De même, c’est pour gérer au mieux une surréaction du système immunitaire (relargage cytokinique), que les patients sont placés en réanimation une dizaine de jours après leur réinjection. Enfin, les patients peuvent être confrontés à des troubles neurologiques (ICANS)(1) pouvant provoquer de la confusion, des tremblements ou encore des difficultés à communiquer. « Dans tous les cas, les patients sont surveillés de près pour contrôler tous les effets indésirables possibles », rassure le professeur Couraud.
(1) ICANS : syndrome de neurotoxicité associé aux cellules immunitaires effectrices.
Le point de vue du médecin
« Toujours ouvert, l’essai clinique peut encore accueillir de nouveaux patients. Pour cela, il suffit d’en parler directement avec son médecin référent qui fera lui-même les démarches auprès du CHU Lyon-Sud. Il nous communiquera, alors, l’histoire oncologique de son patient et nous nous chargerons, scanners à l’appui, d’évaluer son éligibilité pour intégrer l’essai clinique. »
Pr Sébastien Couraud