Une nouvelle infection virale est un défi scientifique majeur, et la crise sanitaire associée à la Covid-19 a donné lieu à de multiples controverses (efficacité des masques, efficacité des traitements…). Le discours médical est en partie à l’origine de cette cacophonie, mais les médias l’ont relayée et amplifiée. Le discours scientifique n’a pas toujours été cohérent car il fallait assimiler en temps réel de très nombreux résultats techniques dans des domaines variés (virologie, immunologie, thérapeutique, épidémiologie, modélisation mathématique…). Certains experts persistent à ne pas recommander l’usage du masque, en disant que son efficacité n’a pas été démontrée par des études expérimentales, alors que ces études sont infaisables : on ne peut pas diviser en deux par tirage au sort une population en disant à une moitié de porter un masque et à l’autre de ne pas en porter pour voir s’il y a une différence dans le nombre de contaminations. D’autres experts considèrent les essais thérapeutiques comparatifs comme une exigence non éthique devant leur intime conviction de l’efficacité d’un traitement. Le traitement par les médias des informations scientifiques a aggravé le problème. En effet, les médias sont friands de controverses, sans chercher toujours à comprendre la cause des désaccords. Ils s’informent auprès d’experts plus ou moins autoproclamés qui sont sélectionnés sur le fait qu’ils acceptent de parler aux médias mais leur succès médiatique est d’autant meilleur qu’ils sont contestés. Ils sont, par ailleurs, autant écoutés quand leur expertise est en phase avec la question qui leur est posée que quand ils s’expriment sur un sujet qu’ils maîtrisent beaucoup moins : un infectiologue n’est pas forcément compétent dans l’évaluation des traitements, un épidémiologiste non-médecin n’a aucune compétence en immunologie, etc.
Il ne faut jamais faire confiance à un résultat spectaculaire isolé.
Dans un monde idéal, les chercheurs devraient décider de vouloir être entendus en communiquant les résultats de leurs études de façon compréhensible par tous, car tout le monde n’est pas armé pour décrypter les études scientifiques. Et même si le contenu d’un article issu d’une prestigieuse revue paraît vraisemblable, il faut toujours attendre la confirmation d’une source indépendante et ne jamais faire confiance à un résultat spectaculaire isolé. C’est le conseil que je donnerai au grand public.