Le cancer, première maladie Environnementale ? Difficile à dire. Simplement parce qu’on n’a pas suffisamment de données épidémiologiques sur un grand nombre de maladies (respiratoires, neurologiques…) qui pourraient l’attester, contrairement aux maladies cardiovasculaires qui, elles, sont très documentées en termes d’effet des modes de vie (95 % sont liées à la malbouffe, au tabagisme ou encore au défaut d’activité physique). Après, tout dépend ce que l’on entend par « environnemental » : est-ce que l’on parle ici de modes de vie ou de pollution des milieux, ou bien, encore, de tout ce qui n’est pas héréditaire ? Mais là aussi, difficile de savoir si le cancer est la première maladie environnementale. Si les facteurs de risque liés aux expositions professionnelles sont plus étudiés pour les cancers, on a peu de données équivalentes pour les maladies cardiovasculaires ou neurodégénératives. Ce qui peut donner l’impression que le cancer est la seule maladie concernée.
Les facteurs de risque de développer un cancer découlent de décisions politiques et sociétales.
Pour autant, le lien entre cancer et écologie est évident. Si je prends l’exemple de l’agriculture, ce qui prime dans notre modèle, notamment parce qu’il est exportateur, c’est la quantité, pas la qualité. Et pour assurer la quantité, notre agriculture dépend des intrants produits dans des pays comme la Chine, qui sont peu portés sur l’écologie. Ces intrants, notamment les pesticides, ont des conséquences sur la qualité intrinsèque de nos sols, et donc des denrées alimentaires que nous produisons. Avec la mondialisation, on produit et on exporte des produits de mauvaise qualité. Et avec nos élevages industriels, on crée des besoins alimentaires chez des populations qui n’en avaient pas la consommation (je pense notamment à l’exportation de produits européens vers le continent africain et, plus récemment, de notre lait de vache en poudre en Chine). Tout cela est incompatible avec le bon développement de notre planète, mais aussi avec la santé. Si j’ajoute à cela les freins imposés par le lobby de l’agroalimentaire pour réduire l’exposition professionnelle aux pesticides, ou encore le défaut de politiques publiques autour de l’alimentation et de l’activité physique, on peut dire que les facteurs de risque de développer un jour un cancer dépendent souvent de décisions politiques et sociétales. C’est aux politiques de remettre la question de la santé au centre du débat public.