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C’est le nombre de personnes incluses dans Agrican, la plus grande étude épidémiologique jamais réalisée dans le monde en milieu professionnel agricole.
Sa particularité ? Suivre au long cours l’état de santé d’affiliés du régime agricole. « L’autre spécificité, c’est que notre étude inclut de nombreuses femmes (qu’elles soient elles-mêmes agricultrices, salariées de coopératives agricoles ou simplement conjointes d’agriculteurs), également exposées aux pesticides, et les retraités du secteur », souligne Pierre Lebailly, coordinateur de l’étude Agrican et administrateur national à la Ligue contre le cancer. Résultat : les cancers de la prostate et hématologiques sont plus fréquents au sein de cette population et de nombreux autres cancers sont concernés (sarcomes, tumeurs cérébrales, vessie, cancers colorectaux…).
Pour autant, les pouvoirs publics ne semblent pas prendre la mesure des enjeux sanitaires. Si, en 2009, un règlement européen impose aux pays membres de mettre en place un programme de réduction de 50 % de leur dépendance aux pesticides (qui a pris la forme de plans successifs – Écophyto, Écophyto 2 et Écophyto 2+ – en France), dans les faits, rien ne bouge. « Sur la période 2008-2018, l’utilisation des pesticides a augmenté de 12 % en France et très peu d’efforts ont été fournis pour documenter les expositions, faire de la prévention ou encore soutenir des études épidémiologiques », s’insurge Pierre Lebailly.
Aujourd’hui, encore, la France continue à être très dépendante des pesticides et la santé des agriculteurs n’est pas une priorité des pouvoirs publics. Seule avancée concrète, mais insuffisante : la création de tableaux de maladies professionnelles et d’un fonds d’indemnisation des victimes des pesticides.