Radiothérapeute, Philippe Bergerot est aussi administrateur national de la Ligue contre le cancer.
Il revient sur ce droit fondamental qu’est le droit à l’oubli, et dont le but est d’améliorer les conditions d’accès aux emprunts et aux assurances pour les personnes ayant eu un cancer et qui en sont guéries.
Le 24 mars 2015, un protocole d’accord est signé au siège de la Ligue, en présence notamment de François Hollande. Quel souvenir en gardez-vous ?
Philippe Bergerot : Le souvenir d’un long combat. La première fois que l’on a entendu parler du droit à l’oubli, c’est lors des deuxièmes États généraux des malades du cancer en 2000 ! Il a fallu attendre le 14 février 2017 pour que la loi entre enfin en vigueur.
En quoi cette loi constitue-t-elle une avancée majeure ?
P. B. : C’est une avancée aussi importante que les innovations thérapeutiques pour le confort des personnes malades ! Avec cette loi, les gens concernés n’ont plus à déclarer leur maladie dix ans après l’arrêt du traitement et sans rechute, ou cinq ans après la fin du protocole thérapeutique pour ceux ayant souffert d’une maladie avant leurs 18 ans.
Depuis le 1er juin 2022, la loi Lemoine fait passer le droit à l’oubli de dix à cinq ans, pour les prêts immobiliers inférieurs à 200 000 euros. Que pensez-vous de cette évolution ?
P. B. : C’est une belle évolution, mais c’est encore insuffisant, compte tenu de l’inflation du marché immobilier. De plus en plus de gens bénéficient de traitements innovants qui augmentent largement leur espérance de vie. Il faut donc rester mobilisé pour que les anciens malades puissent emprunter une somme raisonnable.